Sto, la fin de carrière

 

version 4.1_page 88-11_mai 2023

Sto est arrivé

Le rachat par Sto de la société Beissier a été l'occasion de rebondir.

 

La société Sto est spécialisée dans l'isolation thermique par l'extérieur, domaine où elle est devenue incontournable.

Installée dans le sud de la Forêt Noire, à la frontière avec la Suisse (j'avais la mauvaise habitude de dire que la Suisse, c'était là, où les arbres étaient les plus propres).

C'est une région très particulière, où les gens parlent encore couramment l'alémanique.

 

Lors du démantèlement du groupe Dyckerhoff Sto a mis la main sur Ispo, société issue de la séparation de la première entité créée par Fritz Stotmeiser en 1956 et qui portait d'ailleurs à l'origine le nom de Ispo. Cette première société avait été créée pour exploiter les formules mises au point par un chimiste suisse, M. Pietroboni. Ses revêtements plastiques épais sont rapidement devenus incontournables dans le second oeuvre bâtiment.

 

Beissier France et Espagne ont été transférés chez Sto mais il fallait assurer l'intégration de ces deux sociétés dans le groupe Sto. C'est alors qu'Helmar Daufenbach, PDG de Sto-France, m'a récupéré.

 

Les bureaux étaient initialement en Alsace; ils ont été transféré à Nanterre puis très vite à Bezons mais cela restait très accessible en voiture malgré l'encombrement quotidien au pont de Bezons. 

 

Je me suis incrusté rapidement dans la structure allemande en participant aux réunions R&D mensuelles, seul repésentant extérieur. 

Les réunions avaient lieu le lundi matin; je voyais ensuite la production, les achats et la qualité l'après-midi;

Quelqu'un a dû se rendre compte que j'étais obligé de partir le dimanche après-midi car les réunions ont été déplacées très vite au mardi matin.

 

Tout le monde ne devait pas apprécier ma présence mais j'arrivais toujours le premier et Gerd Stotmeister, l'un des co-dirigeants de Sto, s'installait presque toujours à ma droite , Rudolf Klemm, responsable de la production se mettant alors à ma gauche. 

 

Je faisais régulièrement un exposé sur l'activité en France et en Espagne

 

trois points à noter

 

1_ Les produits Sto, du moins ceux qui sont en phase aqueuse, sont conditionnés dans des seaux de couleur jaune très caractéristique. On en retrouve partout; il y en avait récemment en grande quantité sur un chantier de rénovation à La Celle Saint Cloud, alors que le chantier était réalisé avec un produit concurrent. 

Il est important d'avoir un signe de reconnaissance.

Dans le cas de Beissier l'un des signes de reconnaissance a ét lancement d'une gamme de peinture avec comme motif sur l'emballage une image extraite d'un western; les clients achetaient alors des "cowboys" pas de la peinture x ou y.

2_ Un autre point a été le conditionnement du Prestonett en sacs kraft (on ne vous vend pas des emballages coûteux) jusqu'au jour, où les sacs kraft sont devenus hors de prix car il fallait changer de bobine de papier et régler à nouveau les couleurs; les changements induits dépassaient et de loin l'économie sur le papier. 

3_ A l'inverse des autres fabricants de peinture la société Sto est toujours restée discrète. Malgré son chiffre d'affaire, qui devrait bientôt approcher les 2 milliards d'euros, elle ne figurait pas parmi les grands fabricants de peinture.

 

Lors d'une réunion  chez  Seigneurie il y a 20 ans elle n'a même pas été mentionnée dans la liste des grands fabricants de peinture européens.

 

Plus récemment dans une autre liste des plus grandes entreprises européennes de peinture elle ne figure que pour un chiffre d'affaires équivalent à 15% seulement du chiffre d'affaires total. Pourtant pour avoir visité des usines des gros faiseurs français, les usines Sto et même Beissier n'avaient pas à rougir de la comparaison et les fournisseurs (du moins ceux qui savaient regarder, comprenaient très vite à qui ils avaient affaire.

 

Dernière info datant de fin 2022 Sto figure désormais en 5ème position juste derrière DAW-Caparol mais bien évidemment toujours loin derrière BASF, AKZO ou BAYER. 

 

Toute dernière info publiée par Sto en avril 2023: le CA 2022 est de 1,8 Md€ avec une tendance autour de 1,9Md€ pour 2023. Il y a 5700 employés en tout répartis dans de nombreux pays.

 

Sicof

Le rachat de Sicof par Sto a été un tournant important pour la filiale française.

 

Beissier avait essayé quelques années plus tôt d'acquérir cette société qui faisait partie du groupement Elf-Habitat. 

 

Elf a préféré céder Sicof à ses cadres mais elle était trop spécialisée.

En effet elle avait inventé le principe des revêtements d'imperméabilité, produit intéressant mais cher et soumis à des exigences de performance contraignantes.

 

Sicof avait lancé aussi le concept de garantie contractuelle de 10 ans, idée géniale mais dangereuse car elle donnait l'illusion qu'il s'agissait de la garantie de 10 ans de la loi Spinetta sur la garantie décennale (1978). 

 

J'avais commencé à travailler sur un produit similaire mais chez Beissier nous avions un produit beaucoup moins performant, beaucoup moins cher à fabriquer et sans contrainte au niveau performance. Il était même vendu plus cher.

Dans les années 90 cela ne présentait pour Beissier aucun intérêt. Nous avons donc abandonné alors que l'assureur de Beissier nous accompagnait également dans cette démarche.

 

Par contre au début des années 2000 cela pouvait avoir un intérêt pour Sto comme complément de gamme.

 

Au départ je ne m'occupais que des achats, connaissant la plupart des fournisseurs de Sicof.

Le départ à la retraite du responsable R&D puis celui du responsable de la production a changé la donne.

 

Je devais retrouver le poste que j'avais chez Beisiser, responsable de tout ce qui est technique mais j'ai préféré laisser la place aux jeunes qui attendaient avec impatience le départ de leurs chefs respectifs. Il me restait seulement quelques années à faire avant la retraite. 

Je me suis donc contenté d'y aller le jeudi et le vendredi, ce qui me permettait de passer un WE à Roscanvel en été.

La belle endormie

Sicof était à l'origine un passe temps du hobereau local. M. Le Comte avait construit il y a longtemps un atelier de production de vernis pour bâteaux. Puis l'activité s'est développée et l'atelier est devenu un outil extraordinaire mais sous-utilisé.

D'un autre côté l'usine allemande de Sto était débordée. 

Il ne restait plus qu'à exploiter les capacités inutilisées de l'outil de production de Sicof. 

Les responsables de la production de Weizen se sont beaucoup impliqués dans le projet ainsi que les équipes de R&D. C'était pour tout le monde un véritable challenge.

 

Le produit fabriqué chez Sicof s'est même révélé meilleur que le produit d'origine allemande. 

 

Je n'ai pas les dernières statistiques mais il y a 5-6 ans cela devait déjà  représenter environ le tiers de la capacité de l'usine allemande de Weizen. 

Les récents articles de presse publiés sur l'usine de la Copechagnière parlent de 30000 tonnes fabriquées et prévoient un flux de 50000 palettes par an (en expédition seulement mais il faudrait rajouter le flux entrant); on se rapproche probablement du flux de l'usine Beissier de La Chapelle La Reine. 

La situation excentrée de l'usine n'a finalement pas été un obstacle car les transporteurs locaux ont beaucoup aidé; pourtant à un moment j'avais envisagé de fusionner les deux usines. 

Sonnons la retraite

Selon mes calculs j'aurais pu partir fin 2006. J'avais prévenu la direction, qui avait commandé immédiatement le pot de départ (en bateau mouche sur la Seine) quand la CNAV m'a signalé qu'il fallait que je fasse une année de plus si je ne voulais pas voir ma retraite baisser de manière importante. 

 

j'ai donc décidé d'attendre fin 2007; le pot sur la Seine a quand même eu lieu fin 2006 plus un autre en Vendée fin 2007.

 

Quand je relis le document de la sécu je ne comprends pas :

160 trimestres cotisés pour un maximum de 150 pris en compte. Je pouvais donc partir plus tôt.

Il doit manquer une précision. 

La retraite est basée sur le plafond de la sécu mais la CNAV a des montants légèrement plus élevés (pourquoi?). 

 

Il n'est pas étonnant que les ministres se perdent dans leurs explications.