Du carnet de moleskine au tableau de bord

 

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Dans les pages du site tybian.fr j'ai expliqué comment Hervé Le Bihan notait sur un petit carnet (heureusement retrouvé dans un cageot avec divers courriers) toutes les étapes de son périple à bord du croiseur cuirassé Montcalm de 1912 à 1916.

De son côté Edouard Le Bihan s'est contenté de fiches de synthèse,  qui ont été retrouvées dans le chantier de la route de Quélern.

Le carnet de Daniel Sion

Je n'ai pas suivi leur exemple, du moins au début. Les affaires se succédaient aux affaires. Tout au plus reste-t-il des ordres du jour des assemblées générales de la Résidence de l'Orangerie.

De la même manière il n'y a rien sur les années Rousselot ni M&T Chimie.

 

Cela a changé après le transfert à La Chapelle La Reine. Daniel Sion avait pris l'habitude de venir faire le point le vendredi.

Il ouvrait alors un petit carnet et suivait strictement la liste des points, qui figuraient sur son carnet.

 

Puis après chaque échange il prononçait la même phrase : "je coche"  et on passait au point suivant.

 

Je me suis dit que c'était une méthode intéressante et commencé ma propre liste des choses à faire. A la centième j'ai abandonné. Une usine, même de petite taille, c'est une foule de problèmes plus ou moins urgents, plus ou moins complexes et avec donc une hiérarchie difficile à établir.

 

Les tableaux de bord"Toyota"

En 1985, alors que j'étais chez Rousselot,  la société Goodyear a convoqué tous ses fournisseurs pour leur demander de mettre en place un contrôle qualité dérivé des méthodes japonaises (Toyota). Il y a eu une session réservée aux fournisseurs US et une autre réservée aux fournisseurs non-US, dont nous faisions partie. C'était la période du zéro défaut.

 

Arrivé chez Beissier j'ai essayé de metre en place des tableaux de bord similaires mais cela n'intéressait personne.

 

La norme Iso 9001

Les choses ont changé avec l'arrivée de la norme ISO9001, qui reconnait le droit à l'erreur.

J'ai donc été chargé de mettre en place cette norme chez Beissier puis chez Sto.

 

Contrairement à la métode Toyota (qui n'a pas empéché de très nombreux retours de véhicules) il s'agit ici de définir un cadre de travail avec des processus, des procédures et tout un système d'audit pour identifier les dérives, mettre en place les actions correctives ou les actions préventives déduites des audits. Cela touche tous les services de la société.

 

Le problème est que l'on peut respecter scrupuleusement la norme et livrer finalement des produits inutilisables, du moment qu'on en prend conscience et que l'on met en place les actions correctives. Leur efficacité sera vérifiée lors des audits suivants. 

Les entretiens individuels chez Sto

Avec Helmar Daufenbach je suis revenu dans une certaine mesure au carnet de Daniel Sion.

Helmar Daufenbach avait instauré plusieurs routines dont une prenait la forme d'un entretien individuel de chacun des membres du Comité de Direction une fois par mois.

 

L'informatique aidant je lui faisait parvenir quelques jours avant l'entretien le bilan de mes 5 "métiers"

_ production 

_ achat

_ R&D

_ Iso 9001

_ Hygiène, sécurité, environnement

 

L'informatique remplaçait avantageusement le carnet de moleskine car cela permettait de remonter dans le temps et donc de suivre mois après mois l'évolution des dossiers qui se présentaient le plus souvent sous forme de tableaux de bord. 

Tous les sujets n'étaient pas abordés mais il y avait du moins l'essentiel.

 

Il n'a jamais remis en cause cette manière de procéder et Il  n'a jamais critiqué le déroulement des projets abordés.

 

Cela représentait un vrai changement par rapport aux années "Beissier". Je serai bien resté quelques années de plus.